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Tante Barbe, le mystère de l'homme-femme

Tout le monde a déjà entendu parler du fameux chevalier d'Eon, qui a défrayé la chronique à la fin du XVIIIème - début du XIXème siècle. Mais ce n'est pas le seul personnage travesti de cette époque...

Vers 1820, se présente à Marie Jeanne Françoise de Tinténiac, seconde épouse de mon aïeul Alexis Jacques de Serre de Saint Roman, une mystérieuse personne. Elle prétend être Mademoiselle Savalette de Lange et affirme avoir partagé son exil. En 1910, alors qu’il a soixante et un ans, Rodolphe de Serre de Saint Roman, arrière-petit-fils d'Alexis Jacques, écrit à une de ses belles-sœurs l'histoire de cet étrange personnage, qui aurait dupé pendant près de quarante ans la famille Saint Roman, mais plus généralement toute la bonne société, à laquelle elle s'était fort bien intégrée.


En 1792, à l’âge de quinze ans, Marie Jeanne Françoise de Tinténiac émigre seule avec un domestique prénommé Robin, ses parents étant retenus en France par les problèmes de santé de sa mère, sur le point de décéder. Sur le bateau, elle fait la connaissance de Monsieur Savalette de Lange et de sa fille Henriette Jenny, âgée d’environ douze ans, qui aurait été sans doute sa fille illégitime, non reconnue officiellement. Pendant la traversée, le père de Jenny serait décédé d’une fièvre et à son arrivée à Genève, le domestique décède de la petite vérole. Les deux amies se retrouvent seules dans la misère jusqu’à ce que Monsieur de Tinténiac fasse rapatrier sa fille en France, séparant les deux amies, qui se perdent alors de vue.

Vers 1820 (entre 1815 et 1826 selon les écrits), une personne affirmant être Jenny se présente à Françoise, à présent mariée avec Alexis Jacques de Saint Roman, qui ne la reconnait pas. Or, Mademoiselle de Lange lui raconte des évènements que seules elles deux ont connus, faisant baisser sa garde. Françoise met à la disposition de Jenny un appartement à Villejuif et la présente à son entourage amical. Jenny s’intègre parfaitement à la haute société et vit de la générosité de nombreux aristocrates touchés par les récits de son enfance et de son émigration malheureuse. S’il y a pu avoir des doutes quant au genre de Mademoiselle de Lange, personne ne les releva, même si, la vérité sortant toujours de la bouche des enfants, ces derniers la surnommaient « Tante Barbe ». Intégrée comme une amie à la famille Saint Roman, elle passait beaucoup de temps à leur domicile parisien, rue de la Perle, et c’est même elle qui aurait aidé Gabrielle de Reilhac, petite fille d'Alexis Jacques, à enfiler son corset le jour de son mariage. Alexis Jacques a même envisagé de marier Jenny à son beau-frère Tinténiac et elle eut de nombreuses propositions d'alliance, qu'elle a toujours refusées. Cependant, sur la fin de sa vie, les relations avec les Saint Roman se seraient distendues au fur et à mesure. Jenny meurt à Versailles le 6 mai 1858. Lors de sa toilette mortuaire on découvre enfin le secret de celui que l'on surnomme aujourd'hui "l'homme-femme" : Jenny était un homme ! L'acte de décès de Tante Barbe fait mention d'un "inconnu ayant porté le nom" Savalette de Lange (1). On ne sait pas ce qu'est devenue la véritable Henriette Jenny après son exil en Suisse, ni qui est l'homme qui se cachait sous cette fausse identité.


(1) Archives des Yvelines, Versailles, décès, 1858, cote 4E4140

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